Pouvoir d'achat et salaires au Kenya. Année 2007

Cet article fait partie d’une série que j’ai écrite en 2007 lors d’un séjour de 5 mois au Kenya.

Le salaire moyen au Kenya est d’environ 5000 Kenyan shillings (Ksh) par mois. En considérant la valeur du taux de change du samedi 22 septembre 2007, soit 1 € = 87 Ksh, cela signifie que ce revenu correspond à 57 euros/mois.

Les Kenyans ont donc en moyenne une rémunération 19 fois plus faible que le SMIC français (1100 euros/mois si je me souviens bien). Et concrètement, c’est de moins de 2 euros par jour dont ils doivent se contenter pour vivre. Le Kenya étant parmi les pays se proclamant à la tête de l’Afrique du point de vue du « développement », ceci en dit long sur l’état du continent.

Cependant, même si cela peut paraître minuscule, voire choquant, il ne faut tout de même pas oublier que le prix de la main-d’oeuvre se répercute sur le prix des produits vendus.

Par exemple, à Ukunda, 12 euros suffisent à nourrir une personne pendant un mois. Il en est de même pour le logement : dans la même ville, une habitation moyenne pour une à trois personnes coûte à partir de 6 euros/mois. La nourriture et le logement vont donc représenter environ 30 à 40% du salaire, ce qui devient, je pense, tout à fait comparable à la situation en France.

Autrement dit, malgré les microscopiques revenus et sauf en cas de catastrophe naturelle, au Kenya, on ne meurt pas de faim et l’on a un toit. Et si ce pays était totalement fermé sur lui-même, sans échange avec l’extérieur, on pourrait peut-être affirmer que, malgré les petits salaires, le niveau de vie kenyan serait comparable au niveau de vie français, grâce à l’indexation des prix sur les salaires.

Mais ce n’est pas le cas, pour une raison bien simple : il y a au Kenya, un autre type de produits, pour lesquels les prix sont très proches et parfois identiques à ceux pratiqués en France, malgré la différence de revenus.

Ordinateurs, appareils photo, voitures, carburant, mais aussi électricité, soins de santé, etc. Tout cela semble avoir comme point commun de ne pas pouvoir être fabriqué entièrement sur place, et de nécessiter à un moment ou à un autre de la production, une importation depuis les pays « développés ».

Toutes ces choses sont alors aux prix du Nord, et pour des salaires 19 fois plus faibles, elles sont donc inaccessibles à la grande majorité de la population. Et si certains de ces objets ne sont pas indispensables pour vivre une vie correcte, il y en a d’autres dont l’influence sur le niveau de vie n’est pas négligeable.

Ces logements à 6 euros/mois, sont par exemple sans électricité, ni eau courante, ni sanitaires, ni cuisine d’ailleurs, puisqu’il s’agit en général d’une salle d’une dizaine de mètres carrés, habitée par une famille. Et pour bénéficier de l’électricité, il faut alors débourser à partir de 30 euros/mois. L’accès aux soins est aussi bien difficile et j’ai rencontré de nombreuses personnes ayant eu du mal à se soigner pour des raisons d’argent.

Ainsi, même si on ne meurt pas de faim au Kenya, restent de nombreux éléments qu’il est difficile voire impossible d’acquérir à cause de leur coût trop élevé par rapport au salaire perçu. Et pourtant, si le revenu kenyan est 19 fois plus faible qu’en France, fais-moi confiance, le travail fournit par les Kenyans est bien loin d’être 19 fois plus faible…

Il y a là une évidente injustice. Et la question que je me pose, sans réponse pour le moment, est : Pourquoi ? Quel est le phénomène, la décision, qui maintient les choses dans un tel déséquilibre ?


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Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >

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