Comment gagner du temps en réintroduisant des légumes vivaces au potager ?

Cet article est un épisode de ma série sur les techniques de jardinage inhabituelles que je trouve élégantes et inspirantes. Cette série fait partie de mon projet sur l’agroécologie.
L’une des tendances actuelles dans les milieux de l’agroécologie et de la permaculture est le développement de forêts nourricières, ou jardins-forêts.
L’idée directrice de ces projets est d’essayer d’imiter les écosystèmes hautement productifs que sont les forêts naturelles. L’un des principes pour y parvenir est de favoriser les plantes pérennes, comme les arbres fruitiers, les arbres à noix, les baies, que vous ne plantez qu’une fois, mais qui vous restituent de plus en plus de nourriture, année après année, pendant des décennies.
Quand on n’a pas un grand terrain, ou qu’on veut garder son potager, il existe une façon intermédiaire d’intégrer quand même cet aspect pérenne dans notre pratique : les légumes vivaces, pérennes, ou perpétuels.
En fait, on cultive déjà souvent quelques légumes vivaces dans nos jardins, comme la rhubarbe ou l’artichaut. Des aromatiques pérennes, comme le romarin ou la lavande. Ou même des fruits vivaces comme les fraises. Mais on a oublié beaucoup d’autres plantes que nos ancêtres avaient pourtant méticuleusement sélectionnées pour nous.
Cette année, près du romarin ou de la lavande, pourquoi ne pas ajouter un chou Daubenton ?
Et un céleri branche vivace, également appelé livèche, et utilisé comme condiment ?
Si on aime jouer avec cette manière alternative de cultiver les légumes, l’année suivante, ajoutons une bande de poireau perpétuel, et un massif de l’étonnant oignon rocambole !
On pourrait même, par exemple, essayer de planter quelques poireaux perpétuels dans notre plate-bande de fraises, où ils auraient tendance à pousser tout droit, en laissant de la lumière pour que les fraises mûrissent ?
Si on remarque qu’une partie de notre potager gèle rarement en hiver, ou si on dispose d’une serre, pourquoi ne pas installer un massif de patates douces ?
Si la patate douce peut être cultivée comme une annuelle, elle est une vivace dans les pays tropicaux et subtropicaux.
Bien protégées dans le sol, après l’hiver, les patates douces germent à nouveau, développant un abondant feuillage comestible.

Des patates douces envahissent notre potager sur le toit de notre immeuble à Taïwan.
Alors que l’on commence à se sentir plus à l’aise avec les légumes vivaces, on pourrait même étendre notre production à des légumes pérennes plus rares et insolites. Par exemple, dans une zone ombragée du potager, quelques fougères comestibles et de jolies hostas occuperont volontiers l’espace.
Étonnamment, dans mes études d’agronomie, je n’ai jamais entendu parler de ces merveilleux anciens légumes perpétuels. Aujourd’hui, ils semblent revenir sur le devant de la scène, et c’est ainsi que je les ai découverts, en essayant de simplifier le travail de jardinage.
Car en effet, l’un des intérêts des légumes pérennes, c’est qu’ils peuvent nous faire gagner du temps. Pas besoin de préparer les semis et le sol chaque année, moins de travail de désherbage pour les légumes comme le chou Daubenton qui créent une ombre dense, et moins de soucis avec les insectes gourmands et les maladies, car, souvent, ces anciens légumes oubliés sont plus robustes que les variétés récentes.
Si vos voisins ne cultivent pas déjà certains d’entre eux qu’ils pourraient partager avec vous, vous pouvez facilement découvrir de nombreuses autres sortes et les commander dans des boutiques en ligne, comme celle-ci ou celle-là en France. Et je viens de découvrir deux livres qui ont l’air bien chouette : Le potager perpétuel de Bernard Bureau & Philippe Collignon, et Mon potager de vivaces : 60 légumes perpétuels à découvrir ! d’Aymeric Lazarin.
Pour une quantité de travail similaire, ces légumes anciens et pérennes peuvent nous récompenser par une production abondante au fil des ans !
Si l’idée d’un jardin-forêt vous plait, mais que vous n’avez pas encore de terrain, commencer à vous familiariser avec les légumes pérennes, à petite échelle, est une bonne approche. Pour vous aider, j’ai écrit une série de 4 articles sur Vibre Magazine, où je vous propose de mettre en place une micro-forêt comestible sur votre balcon.
Vous avez apprécié cet article ?
Super ! Alors vous aimerez peut-être découvrir comment utiliser les arbres pour aider à réguler les herbes folles dans le jardin, ou lire mon projet de jardin-forêt expérimental.