Notre tiny house de 6 m2 pèse 1 tonne et coûte 3000 euros de matériaux de construction

 ˬ   ˯vᐯ˅ˇ⌣ᘁ᥎ᨆ⏝ࡍ⩗ᨆ⌣˘ˬ᥎ᐯᨆ⌣ᘁ⩗ᨆࡍ˯

Ce message est issu de Mésange, ma lettre éphémère que j’envoie chaque dimanche, d’octobre 2022 à mars 2023. Suivant >

Comme vous le savez peut-être, avec Hsiao, nous voulions construire une tiny house sur roues.

Alors, j’ai commencé. J’ai fait des plans, des maquettes, j’ai visité des magasins de matériaux, j’ai acheté des outils, j’ai construit un atelier bois avec mon père. Puis, pour expérimenter quelques éléments innovants, je me suis mis à construire un prototype et mon amie Lucile est venue en renfort.

Pourtant, un an après les premières esquisses, s’il existe bien le prototype d’une tiny house posée directement sur le sol dans le jardin de mes parents (celui sur la photo au dessus), il n’existe pas encore de tiny house sur une remorque. Il semble que nos plans aient évolué au cours de l’année, et nous avons décidé de mettre en pause notre projet de tiny house sur roues. Un jour, nous le relancerons peut-être.

Pour le moment, nous continuons à travailler sur ce prototype, afin de continuer à apprendre à construire une micro-maison et à explorer la vie simple dans un tout petit espace.

Du statut de prototype, cette maisonnette en bois passe donc au statut de tiny house lab !

Et elle a un nom. Elle s’appelle Paññā (prononcez ‘pania’). Paññā signifie sagesse en pali, la langue du Bouddha.

Alors voilà, je suis très content de vous présenter Paññā !

Dans Paññā, on peut déjà se sentir privé, dormir sur la mezzanine, et travailler - en ce moment même, je vous écris depuis mon bureau, avec la verdure juste derrière la fenêtre ! Elle fait 6 m2 au sol, elle pèse 1 tonne, et ses matériaux de construction coûtent environ 3000 euros.

La surface au sol de notre tiny house : 6 m2

Minuscule ? Oui, elle l’est : environ 6 m2 de surface au sol.

Elle prend 2,5 x 2,5 m au sol et fait 3,4 m de haut. La surface intérieure est cependant de ~5 m2, du fait de l’épaisseur des murs. Si on ajoute la mezzanine, on atteint ~7 m2 de surface utile. Si l’on tient compte du toit plat, cela ajoute ~6 m2 utilisables comme terrasse.

Ce que j’aime avec une si petite surface, c’est le tout petit territoire que nous empruntons à la nature. Nous passons automatiquement beaucoup plus de temps à l’extérieur, nos liens profonds avec la nature se réveillent. Et, sans fondations, à peine partis et l’herbe repousse, sans qu’aucune trace ne subsiste.

Bien sûr, une très petite surface signifie aussi moins de travail de nettoyage, plus d’autonomie pour réparer la maison, et moins de matériaux de construction, c’est-à-dire une empreinte environnementale plus faible, et une maison plus légère et moins chère.

Je décris ci-après le poids et le coût de notre mini-maison. Les calculs correspondent à la maison vide prête-à-meubler ; étanche à l’air, étanche à l’eau, et isolée. Cela inclut tous les éléments illustrés sur les trois croquis ci-dessous.

Les structures intérieures et les meubles ne sont pas inclus dans les calculs, ni la remorque qui serait nécessaire pour une maison mobile.

Le poids de notre tiny house : ~1 tonne

Cette maison pèse 1 tonne, soit à peu près le poids d’une voiture.

Est-ce lourd ou léger ? Eh bien, ça dépend.

Pour une maison non mobile, être lourde n’est pas vraiment un problème. Certains visiteurs ont même craint qu’en cas de grand vent, 1 tonne soit trop faible et que nous nous risquions de nous envoler ! Si cela peut vous rassurer, je n’ai ressenti aucun mouvement lorsque je dormais sur la mezzanine l’autre jour, même pendant une forte tempête de vent. Mais, l’un des intérêts d’utiliser des matériaux et des modules légers, même pour une tiny house fixe, c’est que le processus de construction est beaucoup plus agréable.

En revanche, pour une maison mobile, une tonne pourrait être trop lourd. Si l’on considère que mon projet initial était une tiny house 3 fois plus grande sur une remorque de 7 m de long, on atteindrait environ 3 tonnes, et la remorque fait 0,5 tonne. On resterait alors en dessous du poids maximum autorisé sur une telle remorque, c’est-à-dire 3,5 tonnes. Mais où mettre tous les meubles et nos affaires ?

Alors, comment pourrait-on alléger encore plus une telle maison ? On pourrait bien sûr essayer de réduire encore sa taille. Ou bien, on pourrait essayer d’économiser du poids sur les postes les plus importants.

Le bois de pin Douglas est le poste le plus important, représentant ~55% du poids total. J’ai acheté des voliges brutes de douglas dans une scierie voisine, pour fabriquer l’ossature et le bardage de la maison. Le bardage est la couche externe qui recouvre une maison. Le pin Douglas est un excellent matériau de construction dans ce cas, car il est local, bon marché, et assez durable même s’il est utilisé en extérieur sans traitement chimique. Son seul inconvénient est sa densité, de ~560 kg/m3, qui est effectivement plus élevée que celle d’autres essences de bois.

Pour économiser du poids sur cette micro-maison, la stratégie la plus efficace pourrait donc être d’utiliser un autre type de bois. Le cèdre rouge, ~410 kg/m3, est souvent utilisé comme bois de bardage sur les tiny houses françaises, mais il provient du Canada. Le peuplier traité à la chaleur, ~460 kg/m3, est une autre option légère pour le bardage en bois. Néanmoins, ces deux options augmenteraient probablement l’impact environnemental de la maison. Et ce serait certainement plus cher, car le coût par m2 pour les clins de cèdre rouge ou de peuplier traité à la chaleur est 7-8 fois plus élevé que le coût des voliges de douglas brutes que j’ai achetées !

Voyons donc maintenant le coût des matériaux nécessaires à la construction de cette micro-maison.

Le coût de notre tiny house : ~3000 euros

Cette maison ne coûte que 3000 euros de matériaux et de transport, c’est-à-dire beaucoup moins qu’une voiture neuve.

Est-ce que c’est génial ? Oui !

Ce coût comprend le carburant pour le transport, car tous les matériaux doivent être amenés sur le chantier à un moment donné. Soit livrés sur place, soit apportés par moi-même avec une voiture et une remorque.

C’est vraiment motivant de constater que, même dans le contexte de la récente augmentation des prix des matériaux de construction, il est encore possible de construire une belle maisonnette bon marché. Et ce, sans trop de compromis sur la partie écologique : 99% du poids correspond à des matériaux biosourcés (bois, fibres végétales…) ou géosourcés (verre, fer, zinc…), et seulement 1% correspond à des matériaux synthétiques.

Et ce prix comprend même l’option — luxueuse — d’un toit ouvrant au-dessus du lit, un toit coulissant !

La moitié des 3000 euros provient de trois éléments de valeur similaire : les voliges en douglas, les panneaux d’isolation en cellulose de 100 mm d’épaisseur, et les panneaux en contreplaqué de peuplier de 5 mm utilisés pour les murs intérieurs. Chaque élément coûte environ 400-500 euros.

Mais attention, il ne faut pas oublier tous les coûts cachés. Pour construire une telle tiny house, il faut acheter des outils, avoir accès à un espace sec pour stocker les matériaux en toute sécurité, et idéalement avoir accès à un espace protégé pour la construction. On peut avoir la chance de trouver ces éléments gratuitement, mais on peut aussi avoir besoin de les louer ou de les acheter.

Bien sûr, il y a aussi le temps de travail pour apprendre, concevoir, acheter les matériaux, construire, douter, déconstruire, et reconstruire. Construire minuscule ne signifie pas construire vite, cela semble même être le contraire. Ça me rappelle d’ailleurs une phrase de Léonard de Vinci : “la simplicité est la sophistication suprême”.

Si vous êtes intéressé⸱e par la construction d’une maison minuscule, votre temps de travail dépendra principalement de votre niveau d’expérience en matière de construction, et si vous construisez la copie d’une autre maison ou une création originale.

Mais, en tout cas, pour un si petit coût en termes de matériaux de construction, j’ai déjà envie de construire une autre petite Paññā !

Ah, mais, ai-je dit que je voulais expérimenter la vie simple dans une petite maison ? Pas dans deux ou trois petites maisons ? Ok, alors, contentons-nous d’abord de finir les meubles intérieurs de Paññā.

Prochaines étapes

Que reste-t-il à faire ?

Ce n’est pas une blague, je veux vraiment essayer d’insérer une maison complète dans ce petit volume ! Donc, au cours des prochains mois, je pense travailler à l’inclusion d’une cuisine, d’une salle de bains et même d’un “salon”.

À l’extérieur, j’ai également prévu des améliorations potentielles sur la face sud. Il reste un espace pour introduire une grande baie vitrée, la structure du mur est prête à accueillir un four solaire, et l’angle Sud-Est est conçu pour intégrer un système de ventilation solaire (à inventer).

Bon, et ben, au travail !



Vous souhaitez suivre mes explorations ?

Pour partager mes expériences, j’écris une newsletter mensuelle, qui s’appelle mon 🔭 Carnet de laboratoire. J’envoie cette lettre à mes honorables lectrices et lecteurs au début de chaque mois pour les tenir au courant de mes travaux en cours, de mes observations, de mes expériences — espérons-le, élégantes. Je vous invite à vous abonner ci-dessous, c’est la meilleur façon de suivre mes explorations :)

Lettre gratuite, mensuelle, 200+ abonnées et abonnés, désabonnement en 2 clics. Bien sûr, je ne partage pas votre adresse email.

Vous hésitez ? Alors, pourquoi ne pas jeter un œil à mes précédentes newsletters, ou lire les témoignages de mes lectrices et lecteurs !

Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >